Organisation en deux niveaux. Le premier niveau réactive d’anciennes pièces. Le deuxième niveau est un projet d’environnement se nourrissant des structures de l’architecture des anciens abattoirs pour en faire émerger une authentique fiction dans laquelle le spectateur est invité à s’immerger et à devenir acteur. Le titre exprime l’envers du rêve, la situation d’un corps sans conscience et sans désir, aussi vivant qu’inerte, un corps dont la finalité se réduit à ses fonctions vitales et dont la volonté paralysée serait instrumentalisée par des représentations extérieures.
Cet environnement sera bâti comme un organisme qui doit adhérer au lieu, au sens où peut l’entendre Bublex avec ses greffes architecturales. Il se construira selon la temporalité déambulatoire d’un parcours cul-de-sac. On pourra également parler de décor et de scène : le décor d’un théâtre d’opérations militaires, la scène d’un crime que les policiers préservent pour reconstituer le déroulement de l’action criminelle. Le bâtiment des anciens abattoirs possède un espace de frigos compartimenté. Cette répartition permet de procéder à des évaluations énigmatiques de ce qui constituera les éléments de cet environnement.
La salle des machinesArchitecture tronquée représentant la base d’une Tour HLM. Construite en bois et en carton, c’est une métaphore de l’habitat collectif dans laquelle le public est invité à pénétrer et à suivre un dédale sécurisé par des sections d’assaut, jusqu’au centre imaginaire d’un corps solitaire.
Frigo 2 Arbre à télés.C’est aux gammes d’un mixeur médiatique d’images et de sons, cher à Nam June Païk que l’artiste s’accorde. A la fois pressoir décérébrant et tourniquet de transe, le dispositif grippé autour de son axe central servira de machine ménagère à envahir et libérer nos esprits des pouvoirs colonisateurs et zombis qui nous expulsent de nous-mêmes. (Création sonore : Benoit Courribet).
Frigo 4, Ball-trapp, 2004. Jeu vidéo très minimal, Ball-Trapp met en scène des enfants s’envolant dans le ciel. On les voit traverser l’écran de bas en haut devant un fond de ciel bleu. Le spectateur peut à l’aide d’un système informatique, manipuler un fusil et intervenir sur l’image. En tirant sur l’enfant, on agit sur la nature de l’image, son corps subissant instantanément une transformation.Dans le jeu, les métamorphoses des corps touchés sont autant d’interprétations sur la place que nos sociétés peuvent assigner à l’enfant. (Création de l’interface : Thierry Guibert).
Frigo 3, Ground zéro. Espace vierge et immaculé se présentant comme une boîte blanche, une chambre d’écho sonore et visuelle où se reconstituent en toute virtualité les pans d’une réalité hybridée avec ce que la science-fiction a appelé les mondes parallèles. L’installation est sujette au processus d’entropie, celui du visiteur, ici agent constructeur et destructeur de son environnement.
Le c**ouloir central qui dessert la salle des machines, les frigos 2 et 3, sera transformé en galerie**d’exposition. Dans cette galerie passante, une exposition temporaire consacrée au paysage recouvrira les murs de ces images que les publicitaires et les cinéastes produisent pour faire rêver leurs personnages. Mise en garde : le sol de la galerie sera aussi instable qu’un champ de mines enfouies sous une nappe de pétrole.
Dans le Ring, réactivations de pièces anciennes.
Hula-Hoop, 1994.Cette machine emprunte sa forme et sa fonction aux pièces d’artillerie lourde comme il en existait au début du siècle dernier. Mêlée à un dispositif vidéo, elle devient une machine de guerre électro-optique. Hula-Hoop réutilise la spécificité du canon avec son pied et son fût ajustable. L’oeuvre est fabriquée avec de l’acier lourd mais fonctionne avec un système de fluides légers : projection d’air et d’images vidéo. Conçue avec ironie, cette machine ne sert qu’à transformer la tête du spectateur en projectile vidéo. Le spectateur qui a introduit sa tête à l’intérieur du fût voit son visage vidéo projeté s’imprimer sur un parachute de largage militaire fixé à l’extrémité du canon et gonflé instantanément par un ventilateur que contrôle l’utilisateur. Le visage humain vidéographique devient celui de la machine de guerre alors transfigurée en chimère monstrueuse électromécanique.
L’Homme-bulles, 1999.En 1999, Jean-Paul Labro, à travers la performance de l’homme-bulles, met au point une étrange machine de vision pour « explorer la surface », l’environnement. Il s’agit en fait d’un caisson métallique ressemblant à la fusée de Méliès remplie au trois-quart d’eau. L’artiste s’immerge, équipé d’une caméra vidéo. Il va filmer ce qu’il voit par les hublots et les images sont instantanément retransmises sur un ou plusieurs écrans situés à l’extérieur, accompagnées du souffle de l’artiste. Toutes les pièces de Jean-Paul Labro exigent un engagement physique du spectateur ou de l’artiste. Il met ici en scène la valeur d’une image : une image ne dure et n’existe que le temps d’une apnée.
Co-production : Pôle Culturel Intercommunal et d’accès(s)
Equipe de réalisation : Arnaud Martin, Hervé Coqueret, Nicolas Juillard, Pierre Bamford, Guillaume Landron, François Labro, Benoît Courribet, Fabrice Cotinat, l’équipe technique du Pôle Culturel Intercommunal et d’accès(s).