Projection
Harry Caul (Gene Hackman) exerce le métier d’écouteur. Il espionne les gens (ici, un couple ordinaire causant au milieu de la foule), les enregistre en secret pour le compte de ses clients. C’est un froid technicien : le contenu des conversations ne l’intéresse pas, seule compte la qualité de l’enregistrement. Il passe des heures à écouter ses bandes. Le soir, il rentre seul dans un appartement sans charme, se met en slip et joue du saxophone. Un jour, poussé par le vide de son existence, taraudé par la culpabilité (il est catholique), effrayé par son activité absurde et létale, il se révolte.
Durée : 1h53. Première diffusion : 1974.
Avec ce film, primé de la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1975, Coppola confirme son ambition de construire des œuvres denses, en phase avec la réalité contemporaine dans ses dimensions politique, existentielle, métaphysique. Tourné à l’époque du Watergate, Conversation secrète est bien sûr un thriller sur la surveillance, la paranoïa et le pouvoir, plus que jamais d’actualité vu le développement exponentiel des technologies. C’est aussi un film sur la glaciation des rapports humains et la solitude urbaine. Coppola est ici à cheval sur deux idées du cinéma se nourrissant mutuellement : il ordonne un polar politique « à l’américaine » avec atmosphère tendue, suspens et violence, mais en retenant tous les acquis de la modernité européenne. Cette alliance constante du fait et de l’idée, du concret et de l’abstrait fait tout le prix de ce très grand film.
Une analyse filmique sera proposée à l’issue de la projection par Xavier Lefahler, programmateur au Cinéma d’art et d’essai le Méliès.