Édito

En quelques décennies seulement, les sociétés industrialisées ont connu un essor technologique sans précédent. L’avènement des technologies de l’information et de la communication, irriguant l’ensemble de nos espaces de vie, a profondément transformé notre rapport au monde. Ce phénomène global a contribué à instaurer les technosciences au cœur de nos systèmes de croyances, et le binôme consommation / innovation comme moteur central de notre économie.

Le lexique de l’innovation est aujourd’hui l’instrument rhétorique par excellence, il inonde le discours dominant, se déployant depuis les domaines technoscientifiques jusque dans les champs du politique, du management, de l’éducation ou de l’art.

Nous posons ainsi l’hypothèse d’une possible "propagande de l’innovation", une idéologie appelant à dépasser les contraintes de la vie quotidienne au travers d’artefacts ou de concepts sans cesse renouvelés, justifiant l’obsolescence technologique au nom d’une vitalité économique immédiate. 

Si une telle propagande est à l’œuvre, ce n’est plus sous une forme étatique et localisée, mais systémique et globalisée, chaque individu en étant potentiellement la cible et le transmetteur.

Cette simple hypothèse soulève de nombreuses questions :

L’innovation en tant que fuite permanente vers la nouveauté et négation des valeurs précédentes est-elle l’expression d’une nécessité humaine, une tendance intuitive, ou encore une valeur salvatrice ?Incarne t-elle uniquement un idéal dicté par de strictes motivations économiques et industrielles ? Comment certains artistes se retrouvent-ils acteurs implicites d’un mécanisme de propagation et de vulgarisation des innovations ? Quel type de pratiques critiques, subversives, poétiques ou alternatives cette situation génère-t-elle en retour ?

Nicolas Maigret, Bertrand Grimault [2012-2014]

Pour aller plus loin : http://disnovation.tumblr.com