Documentaire "Electro-chaâbi"
Hind MeddebFR TN

11 Avr. 2015
20:30 ↦ 22:00

La journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb décrypte le courant musical « Electro-Chaâbi » qui a accompagné le printemps arabe Égyptien et soutient l’aspiration de la jeunesse du Caire à la liberté.

En partenariat avec Le Cinéma Le Méliès

Tarifs habituels du Méliès

Cinéma Le Méliès

15 Place Du Foirail, 64000, Pau

Electro-chaâbi
Hind MeddebFR TN

La bande son de la révolution

Dans les bidonvilles du Caire, la jeunesse danse au son de l’electro chaâbi, une nouvelle musique qui mélange chanson populaire, beats électro et freestyles scandés à la manière du rap. Victime de la corruption et de la ségrégation sociale, la jeunesse des quartiers populaires exorcise en faisant la fête. Libération des corps et d’une parole refoulée, transgression des tabous religieux : bien plus qu’un simple phénomène musical, l’électro chaâbi est un exutoire salutaire pour une jeunesse brimée par les interdits que la société égyptienne lui impose.

Sous des tentes illuminées de boules multicolores, des milliers de danseurs exécutent des chorégraphies spectaculaires dans un décor digne d’un film bollywoodien. Du quartier d’Imbaba au district de Matariya, chaque ghetto a sa star. Islam Chipsy, le Jimmy Hendrix du synthétiseur, réinvente la transe psychédélique, il révolutionne les standards de la musique orientale. DJ Wezza est un pionnier du genre, il a fédéré une belle équipe autour de lui. Aujourd’hui, son groupe incarne la voix de la fête avec des chansons légères et drôles. A ses côtés, se produisent les rappeurs Oka et Ortega, beaux gosses séducteurs, harcelés par des centaines de groupies sur leur compte Facebook et sur leur portable, ils enchaînent les conversations coquines et les rendez-vous galants. MC Sadate et Amr Haha incarnent la conscience politique d’une jeunesse déshéritée. Ils ont précédé la Révolution avec leurs hymnes révoltés. Depuis plusieurs années déjà, ces musiciens dénoncent dans leurs chansons les injustices sociales, les bavures policières et les discriminations.

A travers leur vie, on découvre une jeunesse égyptienne qui malgré son extrême pauvreté s’ouvre sur le monde, télécharge ses beats électro et se fait connaître grâce aux réseaux sociaux et à Youtube. Ici la célébrité passe par les vidéos des téléphones portables immédiatement mises en ligne après les concerts.Le film les suit sur la voie d’une reconnaissance qui va désormais au-delà de leur quartier d’origine. Du temps de Moubarak, leur parole était cantonnée au ghetto, désormais, leurs voix sont entendues bien au-delà des frontières Egyptiennes.