En Bref est une série de sept vidéos de sept journaux télévisés d’environ 1 à 2 minutes chacune. Dans ces vidéos, Thierry Guibert a collectionné le souffle des journalistes télévisés. Les blocs de respiration se sont agglomérés les uns à la suite des autres pour former une longue énonciation vide, une expansion d’air. Le temps manque pour faire passer un maximum d’informations au travers de ces gosiers encombrés par la vitesse des mots. Débit haché et constant d’hommes et de femmes troncs en apnée.
En Bref pose la question de l’information. Les longs silences énoncés par les journalistes redonnent leur place aux corps qui s’expriment dans ces entre-mots. Et si la véritable information n’était autre que l’épanchement de ces corps à travers leur souffle, leurs gestuelles expressives, leurs tics. Un autre langage en deçà ou au-delà des mots, invisible au journal télévisé dont la vitesse et le spectacle effacent tout.

Mécanique générale est un projet artistique de film interactif. En prenant pour matériau, mais aussi pour modèle le film L’Homme à la caméra de Dziga Vertov (1929), en le déconstruisant totalement, Thierry Guibert a imaginé une nouvelle structure plastique rendant le film jouable. Réparties dans un espace virtuel à trois dimensions et indexées dans une base de données, les 110 000 images du film deviennent manipulables. Au moyen d’une manette de jeu vidéo, le visiteur traverse « la galaxie des images » et les réorganise, construisant ainsi une variante du film original.

Mécanique Générale interroge le cinéma à deux niveaux ; le dispositif et son langage. Le projecteur réversible du cinématographe est désormais simulé par une machine virtuelle qui lui ajoute des possibilités : variation des vitesses, interactivité avec les images, spatialisation et navigation dans l’espace du film. La narration qui en découle mute vers une nouvelle forme « rhizomique » mixant à la fois le catalogue et la linéarité. On peut ainsi fabriquer des séquences improbables à partir du film original mais aussi revisiter le film suivant une catégorie voulue ; un personnage (le caméraman), un geste (tourner). Une bande-son originale quadriphonique est générée en temps réel par l’exploration du visiteur.

Installation interactive - Benoît Courribet, Thierry Guibert et Simon Laroche - 2008-2013
coproduction: Thierry Guibert, CIAM (Centre Inter-universitaire des Arts Médiatiques) de l’UQAM (Université du Québec à Montréal), Bandits-Mages (Association de promotion des arts audiovisuels et multimédia, Bourges), CICM (Centre Informatique
de recherche et de Création Musicale, Université de Paris 8, St Denis), accès(s) cultures électroniques, Pau.
Programmation informatique : Benoît Courribet, Simon Laroche. Crédit : T.Guibert

Enveloppes temporelles consiste en une série de photographies numériques assemblées selon la technique du “slitScan”. L’ordinateur construit une nouvelle image à partir de l’observation de tous les pixels du film en ne gardant qu’une seule ligne de pixels par image. L’image totale construite qui en résulte est une image qui met en évidence la structure temporelle du film par les divers plans et leur succession ainsi que les divers mouvements apparus au bord du cadre (gauche, haut, droit, bas). Cette “image temporelle” du film est donc une image existante du film mais jamais vue (seulement perçue ?) car située sur les bords du cadre et dépliée dans le temps total du film. Pour l’exposition l’Entre-images, seront présentées les enveloppes temporelles des films 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), Stalker d’Andreï Tarkovski (1979) et Tron de Steven Liesberger (1982), qui nous permettront d’observer la structure temporelle de ces films comme un paysage.

Photographies : Thierry Guibert – Programmation Informatique : Benoît Courribet – 2013 – Production : OUDEIS.

Solaris est un projet de disques graphiques en cours de création qui sont destinés à être joués sur des
platines de DJ modifiées, mené en collaboration entre Thierry Guibert le graphiste Palois Emmanuel Hourquet et le programmeur et compositeur sonore Benoît Courribet. En remplaçant les têtes de lectures de platines vinyles par des micro-cameras, les artistes obtiennent un flux d’images mobiles qu’un programme informatique interprète comme du son. Ici, le disque rejoint la partition, l’espace visuel devient un espace sonore. Le dispositif au complet (électronique et logiciels) est actuellement en cours d’expérimentation avant d’envisager la phase de construction.
Avec la numérisation généralisée des médias, les images et les sons trouvent un plan d’existence commun.
Traduits par l’encodage binaire, ils existent désormais dans des espaces numériques. Ils deviennent alors reproductibles, modulables et connectables à l’infini.

Disques graphiques sonorisés – Thierry Guibert, Emmanuel Hourquet – 2013-2014

Coproduction Guibert, Hourquet, OUDEIS | Crédit Guibert, Hourquet