Couloir Gang c’est le duo de Ravi Shardja et Jean-Marcel Busson. Et le nom du groupe sonne très bien (Gang signifie couloir en néerlandais)
Formé de mille plateaux harmoniques, strates soniques et variations noise, ce château-bordel se nourrit à la new-wave d’Alan Vega (She’s in she’s out) ou de Ian Curtis (Slavish Temper), aux gialli horrifiques (« Château porno ») comme aux trompettes free (Everything you say is true), aux machines de Cabaret Voltaire (7699 travailleurs), aux masques freaks des Residents (Mutazione Zombi)… Et si la base, essentiellement rythmique, est une solide fondation à ce palais des glaces déformantes, on y entend aussi les architectes fourbir leurs outils (modifier les textures des boites à rythmes), tracer des plans (sur la lente litanie « Everything you say is true »), graver des histoires d’amour sur la pierre (« She’s in she’s out »), ou rédiger des manifestes pour un urbanisme nouveau (« 7699 travailleurs », mariant le ton martial du discours politique, en russe, et l’évocation des enfers mythologiques). Si « Kasteel Bordeel » est une demeure du chaos, chaque chose y a bien une place choisie. (Wilfried Paris)